C'EST LA PLUS BELLE PAROISSE QUE J'AI JAMAIS EUE
"Quelle belle paroisse, ces voleurs, ces bandits, crasseux, loqueteux, pouilleux et affamés, ces officiers déchus, ce clergé naufragé, quels misérables parias !"
Père Nicodème rétorqua:
"Afin que tu le saches une fois pour toutes, c'est la plus belle paroisse que j'ai jamais eue. Regarde, quelle splendeur, trois étages !"
Il montra les lits de camp superposés.
"Le Christ serait fier de cette communauté. Penses-tu que seuls les scribes allaient vers Lui ? Non, des misérables, des affamés, des estropiés qui cherchaient la guérison, des aveugles, des épileptiques, des possédés, des pécheurs, des voleurs, des paysans et des pêcheurs. Crois-tu qu'ils pensaient que Dieu était venu pour apporter le salut ? Non, mon petit. Ils avaient entendu dire qu'un homme extraordinaire parcourait le pays, guérissant les aveugles, les paralytiques et purifiant les lépreux. Non. Ils allaient vers Lui pour voir quelle espèce d'homme Il était. Ils L'écoutaient et quelques-uns commençaient à comprendre. Avec les yeux du corps, ils ne voyaient rien d'extraordinaire. Chez quelques-uns pourtant, les yeux de l'âme s'ouvraient. C'est comme avec les lépreux; Il avait guéri celui-là de ses ulcères, mais des centaines par sa Parole. Sot es-tu. Tu n'as lu l'Écriture qu'avec tes yeux charnels et ton esprit matérialiste."
"De quels miracles parles-tu ? Personne ici n'a besoin d'être guéri, il n'y a plus de lépreux."
"Tu dis qu'il n'y a plus de lépreux. Tu ne vois rien, regarde autour de toi. Qui est couché là-bas, qui se traîne par là, qui tousse ? Tous des lépreux qui demandent le pardon. Ils ne savent pas qu'ils le demandent, mais le font sans parole. Et pas seulement ici, c'est pareil dans le monde entier. Tous ont faim et soif de la parole de salut qui vient de Dieu."
De ses yeux brillants coulèrent de grosses larmes qui restèrent accrochées à sa barbe blanche.
Boris Chiriaev, "Lumière qui ne s'éteint pas", les expériences comme prisonnier dans le camp de Solovki.
Boris Chiriaev était un des premiers déportés sur l'île. Il se trouvait auparavant dans la célèbre prison de Butyrki, en compagnie du vieux peintre, Michel Vassilievitch Nesterov. Ce dernier, au moment de se séparer de Chiriaev, lui dit : "Ne crains pas Solovki. Le Christ y est.
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